DANS LE MéTRO APRèS LA CéRéMONIE, LE « STOP-AND-GO » A FAIT SES PREUVES : « ON A CRU QU’ON ALLAIT MOURIR, MAIS NON »

Il est presque minuit et il y a foule, ce vendredi soir, moins d’une heure après la fin de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. Pour le public installé dans le XVe arrondissement, il est temps de rentrer, où de rejoindre un autre lieu de fête pour ceux qui ne sont pas découragés par la pluie. Les portiques de la station de métro La Motte-Picquet-Grenelle sont franchis assez facilement, les locaux aidant les touristes à valider tickets et pass dans la bonne humeur.

On débriefe l’événement. « C’était tellement bien », sourit une jeune femme en poncho rouge imperméable. « Mais tellement », répondent ses amis en chœur. C’est là, en arrivant dans la partie souterraine de la station que les sourires s’effacent subitement.

« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel, mais avance ! » s’agace un homme, d’un coup, pressant sa conjointe, qui s’énerve à son tour : « Et je fais quoi, je pousse les gens ? » Face à eux, un bouchon humain. Un amas de voyageurs dont on ne voit pas le bout, ce dernier disparaissant dans le virage du couloir. « What the F… » lâche un touriste, en écho à son voisin Français. Habitué du métro, un jeune met ses écouteurs. « Ce n’est pas franchement une surprise, faut juste être patient. » Sa voisine soupire, parce que « ça m’angoisse un peu d’être bloquée dans un petit couloir, sous terre. »

« Je t’avais dit que ça servait à rien de pousser »

Des stratégies se mettent en place. Certains renoncent, d’autres jouent des coudes. Une poignée tente de se faufiler, vite freinée par les regards noirs. De toute façon, c’est bloqué, bloqué. Enfin, c’est ce que tout le monde croit. Une voix, au loin. « Ça y est, vous pouvez avancer ! » D’un coup, le troupeau se meut, et ne s’arrête plus.

On franchit le virage, on parcourt quelques mètres… Et on découvre les régulateurs déployés par la RATP. Ils sont plusieurs, certains en gilet siglé, d’autres en tenue de sécurité, sans qu’on puisse voir, à cause du monde, s’ils émargent à la RATP ou au ministère de l’Intérieur. « Dans le calme, on continue d’avancer, et on fait attention à l’escalier », crie l’un d’eux.

L’ambiance change du tout au tout quand les voyageurs s’aperçoivent qu’ils pourront finalement monter dans une rame en quelques minutes. « Cheh, j’avais dit à Mathieu de rester avec nous, il va bien galérer à pied sous la pluie », se moque un chevelu, dans un groupe d’ados. On retrouve le couple qui s’engueulait un peu plus tôt.

« Tu vois, je t’avais dit que ça servait à rien de pousser », triomphe la meilleure moitié. Le groupe — puisque c’est de cela qu’il s’agit, de groupes subtilement créés et régulés par la RATP pour éviter l’encombrement des quais — arrive à l’escalier.

« C’est pour votre sécurité messieurs, dames »

Un grésillement et, dans le talkie de l’un des bergers, un régulateur à distance annonce que ce dernier peut « libérer l’escalier ». Petite subtilité à La Motte-Picquet-Grenelle : un quai, deux lignes, deux directions. Mais là encore, tout est prévu, ils sont trois à diriger les usagers.

« À gauche pour la 10, à droite pour la 8 », s’époumonent-ils. Un touriste hausse les sourcils, interrogateurs. « Heu… On the right for the eight, on the left for the ten. » Grosso modo, ça passe. Puis ça s’arrête, le quai est plein. « C’est pour votre sécurité messieurs, dames, je vous fais avancer dès que possible. »

Tout le monde était encore persuadé il y a cinq minutes que cela allait prendre des heures. Alors, pas de problème. Sourires et remerciements fusent et, moins d’un quart d’heure plus tard, les voyageurs embarquent. Alors oui, entassés comme un lundi matin dans le RER A à Châtelet-Les Halles, mais en route vers peu importe où.

Et là, une fois n’est pas coutume, les compliments pleuvent sur la RATP. « Heureusement qu’ils régulent, franchement, c’est très bien fait » ; « Ils devraient faire ça tout le temps dans les stations chargées, c’est top » ; « Je ne pensais pas qu’on s’en sortirait si facilement, c’est génial » ; « On a cru qu’on allait mourir, mais non. »

Le mérite en revient effectivement à l’organisateur des métros parisiens. Sans le savoir, le public de la cérémonie qui a rejoint La Motte-Picquet-Grenelle vient de bénéficier du « stop-and-go », un système de régulation surveillé depuis le nouveau « PC Cana » (le nom interne donné au « Poste de Contrôle et de Canalisation » des usagers) qui vient d’être aménagé au premier étage du siège de la RATP, quai de Bercy, et a été conçu pour limiter au maximum les embouteillages de voyageurs dans les couloirs ou sur les quais de la centaine de gares et stations qui vont connaître de brusques pics de fréquentation durant les Jeux. Ce vendredi soir, dans le XVe, il a très bien fonctionné.

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