MAROC : UNE VAGUE DE CHALEUR SANS PRéCéDENT ENTRAîNE LA MORT DE PLUS DE 20 PERSONNES EN 24 HEURES

Ecrasante, étouffante, accablante : une vague de chaleur d’une intensité sans précédent, avec des températures dépassant les 45°C, touche actuellement le Maroc. Le ministère de la Santé a annoncé ce jeudi la mort de vingt et une personnes en 24 heures à Beni Mellal, une ville du centre du pays, située à plus de 200 km au sud-est de Casablanca. «La majorité des décès concerne des personnes souffrant de maladies chroniques et des personnes âgées, les températures élevées ayant contribué à la détérioration de leur état de santé et conduit à leur décès», a précisé dans un communiqué la direction régionale de Santé.

Selon le journal marocain en ligne Hespress, des équipes médicales mobiles de la direction régionale de la santé et de la protection sociale de Béni Mellal-Khénifra ont alors été déployées sur place pour faire face à cette situation critique. Ces unités d’urgence se rendent dans les zones les plus touchées pour fournir des soins immédiats et sensibiliser la population aux dangers de cette canicule. Plus tôt, la Direction générale de la météorologie (DGM) avait, elle, annoncé une forte vague de chaleur de lundi à mercredi dans plusieurs localités, avec des températures pouvant atteindre jusqu’à 48°C, notamment à Beni Mellal.

«Je n’ai jamais vécu ça»

Salma, une jeune Française en vacances dans cette ville de près de 200 000 habitants explique à Libération que la «situation sur place est très complexe», puisque «très peu de personnes ont la clim chez eux», et ne peuvent donc pas se refroidir. Elle décrit des rues totalement vides «jusqu’à au moins 17 heures», tant la chaleur est «atroce». Et de poursuivre : «Le soir venu, les gens s’allongent sur les ronds-points, car le gazon qui y est installé permet de les refroidir un peu. Mais à l’intérieur des maisons, la chaleur n’est pas du tout supportable.» Hier encore, elle tentait de se refroidir en s’allongeant sur son carrelage. «Ici, on est habitués à ces chaleurs malheureusement. Mais ces derniers jours, c’était pire», confirme aussi Youssra Alaoui, ostéopathe dans la ville.

De son côté, Youssef Norddine, gérant de l’hôtel Velsatis situé au centre-ville, l’assure : il n’a «jamais vécu ça». «D’habitude, les autres étés, on atteint les 40°C ou un peu plus, mais c’est largement supportable, puisque Beni Mellal est une ville sans humidité, décrit le jeune homme. Pour une même température, il est en effet plus difficile de supporter la chaleur dans un lieu humide, qui empêche le refroidissement du corps et accroît la sensation d’étouffement. Mais depuis ces trois dernières années, la canicule a comme doublé, elle est si intense.»

Selon le journal Hespress, des initiatives locales ont alors été mises en place dans ce territoire pour offrir des refuges climatisés aux personnes les plus fragiles, alors que les autorités sanitaires insistent elles sur l’importance de l’entraide entre habitants. Le ministère de la Santé a également annoncé des mesures pour contrer les effets de la chaleur, instaurant notamment «des permanences au sein des établissements de santé dans les régions concernées par la hausse des températures», en plus de la mobilisation des professionnels de la santé et de «la mise à disposition des médicaments et du matériel hospitalier».

Des vagues de chaleur de plus en plus courantes

Dès cet hiver, le Maroc avait déjà enregistré des records de chaleur : le mois de janvier avait alors été le plus chaud jamais recensé dans le royaume depuis 1940, avec près de 37°C par endroits, d’après la DGM. La hausse des températures menace notamment le secteur agricole, essentiel à l’économie nationale, et les réserves des barrages. L’évaporation de l’eau a atteint «un million et demi de mètres cubes par jour», avait alerté fin juin le ministre de l’Eau, Nizar Baraka.

Aussi, en août 2023, pour la première fois de l’histoire du pays, le thermomètre avait dépassé la barre des 50 °C. Une étude parue en mai dans la revue Nature affirmait que dépasser les 50°C au Maroc aurait été «presque impossible» dans un climat non réchauffé par les activités humaines. Désormais, un tel événement est classé «extrêmement rare», au milieu du siècle il sera «rare», tandis qu’en 2100, il sera «commun», ont averti les auteurs. Le changement climatique provoque en effet des événements météorologiques extrêmes plus longs, plus forts et plus fréquents comme des vagues de chaleur et des inondations.

Mise à jour : le 25 juillet à 18h30, avec des témoignages de personnes sur place.

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