DéCOUVERTE D'UNE "MAISON DE REPOS" VIEILLE DE 3 500 ANS, UTILISéE PAR L'ARMéE éGYPTIENNE ANTIQUE (ET PEUT-êTRE MêME, UN PUISSANT PHARAON)

Des excavations dans la péninsule du Sinaï, au nord-est de l’Égypte, ont mis au jour les vestiges d'un édifice datant de 3 400 ans, implanté le long de la cruciale "route d'Horus". Les chercheurs envisagent qu'il puisse avoir été une "résidence royale de repos" pour le roi guerrier Thoutmôsis III.

Un établissement à l'environnement luxueux et confortable, où la famille royale égyptienne et sa Cour pouvaient se retirer pour se reposer, se détendre et se ressourcer loin des affaires de l'État et des préoccupations quotidiennes. C'était sans doute à quoi ressemblait autrefois la "maison de repos" en briques de boue récemment décelée sur le site archéologique de Tel Hebwa, dans le désert du nord du Sinaï (Égypte). D'après le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, qui a annoncé la découverte sur Facebook le 25 avril 2024, la structure remonterait au règne du roi Thoutmôsis III (1481-1425 av. J.-C.), sixième pharaon de la XVIIIe dynastie égyptienne.

Thoutmôsis III : entre deux conquêtes, des "repos royaux"

Parfois appelé Thoutmôsis le Grand, le pharaon est souvent considéré comme l'un des plus grands souverains de l'Égypte ancienne, en raison de ses réalisations militaires, administratives et culturelles. Le roi guerrier a mené de nombreuses campagnes pour étendre les frontières de son empire et le consolider. L'une des plus célèbres est certainement la bataille de Megiddo en 1457 av. J.-C., opposant ses troupes à celles d'une coalition de royaumes cananéens dirigée par le roi de Qadesh (actuelle Syrie). Le combat, victorieux, a renforcé son statut en tant que grand conquérant.

Entre deux opérations militaires – et de multiples projets de construction, comme la transformation du temple d'Amon-Rê à Karnak –, il est possible que Thoutmôsis III se soit arrêté dans le bâtiment mis au jour dans le Sinaï, soupçonnent les chercheurs. Ces derniers pensent qu'il s'agit en effet des vestiges d'une "maison de repos" royale, en raison de la rareté des tessons de poterie révélés intacts en son sein, ainsi que sa disposition architecturale : deux grandes salles rectangulaires à piliers et leurs autres pièces, le tout protégé par un mur périmètre fortifié.

"La Route d'Horus", voie stratégique de l'Égypte ancienne

L'ancienne "retraite", située le long du canal de Suez non loin de Qantara Sharq (environ 160 kilomètres au nord-est du Caire), se trouve en outre au début d'une lointaine voie antique connue sous le nom de "route d'Horus" dans les textes égyptiens, développent les archéologues.

Partant de la forteresse de Sila, près de l'actuelle Qantara Sharq, se dirigeant vers le nord du Sinaï et continuant le long de la côte jusqu'à Arish, Rafah, puis Gaza, cette piste stratégique s'étendant à travers le désert était autrefois parsemée de forteresses et d'installations militaires, en particulier dans les zones stratégiques importantes. La "route d'Horus" et ses dispositifs étaient ainsi fréquemment empruntés par les troupes égyptiennes, lancées à travers la Méditerranée orientale.

L'Égypte était reliée à la rive syrienne depuis les temps les plus anciens ; les anciens Égyptiens ont apporté du bois de cèdre qui pousse sur le mont Liban depuis la première dynastie pharaonique et l'ont utilisé pour la construction de la flotte égyptienne. La ["route d'Horus"] a toujours été l'une des plus importantes routes militaires à travers les âges, écrivent les spécialistes dans un rapport, publié par le Service d'information de l'État égyptien (State Information Service).

Des révélations sur l'histoire militaire antique du Sinaï ?

Ainsi, Thoutmôsis III aurait pu lui-même utiliser le bâtiment de Tel Hebwa, lors ou après l'une de ses campagnes visant à étendre l'empire égyptien vers l'Est. D'autres égyptologues, comme l'un interrogé par LiveScience, sont plus prudents quant à cette conclusion : de nombreuses datations réalisées autour de la maison de repos sont ultérieures au règne du pharaon. Davantage d'informations seront nécessaires pour comprendre quand le bâtiment a été utilisé exactement.

Cette découverte, souligne tout de même Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil Suprême des antiquités, est capitale, car elle éclaire des aspects cruciaux de l'histoire militaire de l'Égypte pendant l'ère du Nouvel Empire (environ 1590-1085 av. J.-C.), en particulier dans le Sinaï.

Avec le temps, les lieux ont finalement été transformés en un cimetière, puisque les travaux archéologiques ont permis de révéler un certain nombre de sépultures plus récentes sur le site, datées de la XXIe dynastie (vers 1069-943 av. J.-C.), jusqu'à la XXVe dynastie (743-656 av. J.-C.)

Ces dernières révélations ne sont d'ailleurs que quelques-unes parmi tant d'autres trouvailles antiques annoncées par l'Égypte ces derniers mois, alors que le Grand Musée égyptien attendu depuis vingt ans devrait (très prochainement) ouvrir ses portes aux pieds des pyramides de Gizeh : celles, pour les plus récentes, d'une "ville romaine entière" près de Louxor, d'un cimetière fascinant du Nouvel Empire ou encore, d'un fragment retrouvé d'une colossale statue de Ramsès II.

2024-05-07T05:16:37Z dg43tfdfdgfd