AU JAPON, LE TOURISME DE MASSE DéCLENCHE UN CURIEUX PHéNOMèNE CHEZ LES CERFS DE NARA

Ces dernières années, la ville japonaise de Nara a été confrontée à un afflux de touristes désireux de faire la connaissance de ses célèbres cerfs, qui raffolent de friandises à base de riz, connues sous le nom de "Shika Senbei". Un phénomène qui a entraîné une reproduction plus active des cervidés, mais qui s’accompagne de certains désagréments.

Au printemps, nous apprenions que les autorités japonaises comptaient mettre en place un système de réservation en ligne pour accéder au sentier le plus populaire du célèbre mont Fuji, afin de lutter contre la surfréquentation. Comme d’autres régions du monde, ce pays d’Asie de l’Est, victime de son succès, n’est pas épargné par le tourisme de masse. S’il est possible que les Japonais en aient parfois plus qu’assez, un groupe d’animaux semble en bénéficier : les cerfs qui vivent à Nara, l’ex-capitale, située près de Kyoto. Celle-ci abrite un certain nombre de bâtiments historiques classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’afflux de touristes a entraîné une reproduction plus active des cerfs

Aujourd’hui, Nara est indissociable de ses cerfs, expose CNN, dans une analyse publiée ce mardi 23 juillet. Ces cervidés au pelage marron clair suscitent un tel engouement qu’on retrouve leur adorable frimousse dans les campagnes touristiques de la ville, sur les affiches disposées au niveau des arrêts de bus ou encore sur les billets de train, parmi d’autres usages. Les boutiques proposent une multitude d’objets en lien avec ces animaux, qui vont des traditionnelles peluches aux serre-tête en bois de cerf.

Récemment, la ville japonaise a procédé au recensement de ses précieux cervidés qui déambulent à leur guise dans un parc. Au total, 313 cerfs (mâles) ont été décomptés, 798 biches (femelles) et 214 faons (bébés), détaille la chaîne américaine. Ce total de 1325 bêtes traduit une hausse de 92 animaux par rapport à 2023.

Si la ville de Nara abrite des trésors historiques, tels que le somptueux temple Todaiji – l’une des plus grandes structures en bois à travers le monde –, la plupart des touristes qui se pressent dans ses rues sont désireux de faire la connaissance des cerfs, réputés pour s’incliner poliment devant l’humain qui leur offre un biscuit. Des stands vendent ces friandises à base de riz, connues sous le nom de "Shika Senbei", et sans danger pour les cervidés.

Nobuyuki Yamazaki, qui travaille pour la Nara Deer Preservation Foundation (NDPF), une organisation non-gouvernementale dédiée à la préservation de ces animaux, a confié à CNN que "l’augmentation constante du nombre de biscuits consommés avait entraîné une reproduction plus active des cervidés". Parce que de plus en plus de touristes se pressent dans le parc pour les observer, "les cerfs peuvent s’en procurer plus facilement".

Les relations entre l’humain et le cerf pas toujours harmonieuses

Ces retombées positives sont à nuancer, car les interactions entre les humains et les cervidés ne sont pas systématiquement positives. Parce qu’ils se sont habitués à leur présence, certains animaux n’hésitent plus à leur arracher un biscuit des mains. "Proportionnellement à la hausse de cerfs et d’humains, le nombre de problèmes augmente, illustre Nobuyuki Yamazaki auprès de la chaîne. Ces dernières années, nous avons constaté une montée en puissance du nombre d’accidents impliquant des personnes malmenées ou mordues par un cerf."

Une étude de l’Université féminine de Nara, publiée l’an dernier, a mis en évidence le fait que les cerfs avaient moins tendance à s’incliner pendant la pandémie de Covid-19, période à laquelle le Japon avait fermé ses frontières aux touristes internationaux. Par ailleurs, le fait que ces animaux aient pris l’habitude de faire des courbettes n’est pas forcément une bonne idée, puisqu’il s’agit d’une particularité des cervidés de Nara : elle n’a, en effet, été observée chez aucune autre espèce de cerf.

"Il y a longtemps, quand Nara était encore la capitale, les cerfs avaient peur des humains, alors ils ont commencé à s’incliner sous l’effet du stress, explique le professeur Yoichi Yusa, qui a dirigé cette étude, cité par CNN. Au fur et à mesure que la ville est devenue un lieu touristique, ils ont appris à s’incliner devant les gens pour obtenir des galettes de riz." D’après les données gouvernementales, 9,3 millions de personnes ont visité Nara en 2022.

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