"ELLE NE FAIT PAS RêVER": POURQUOI LA SOCIéTé GéNéRALE PEINE à REMONTER LA PENTE

Depuis un an, Slawomir Krupa n'a pas chômé. Le directeur général de la Société Générale a enchaîné les cessions. Il a notamment vendu une dizaine de filiales en Afrique, dont le Maroc, deux filiales de banque privées en Suisse et en Grande Bretagne ainsi qu'une une filiale spécialisée dans le crédit-bail. Le montant de ces cessions s'élève déjà à près de 3 milliards d'euros, de quoi libérer du capital.

Comme promis, le directeur général n'a pas non plus hésité à tailler dans les coûts, en annonçant la suppression d'environ 950 postes au siège, soit près de 5% des effectifs. Rien n'y fait. Sur un an, la banque a perdu 15% en Bourse quand le DJ Stoxx Banks, l'indice de référence du secteur bancaire européen, grimpait de 30%. Pourquoi une telle défiance et pourquoi Slawomir Krupa n'arrive-t-il pas à inverser la tendance?

Un héritage trop lourd

"L'héritage qu'on lui a laissé était un peu lourd", souligne un ancien dirigeant de la Société Générale. Slawomir Krupa continue de payer au prix fort des choix récents de l'ancienne direction.

En 2022, la Société Générale a ainsi fait un très mauvais pari, en prenant des couvertures contre une baisse des taux d'intérêt. Une erreur qui lui a déjà couté plus de 2 milliards d'euros. De quoi le contraindre à revoir à la baisse l'un de ses objectifs financiers sur la banque de détail.

Le "chat noir" des marchés

Difficile dans ce contexte de redorer l'image de mauvais élève qui colle à la banque depuis des années à cause de tous les déboires qu'elle a accumulé: Kerviel, subprimes, affaire Libor ou encore sortie dans l'urgence de la Russie après le déclenchement de la crise ukrainienne.

"La Société Générale, c'est le chat noir. C'est presque devenu une blague entre traders. À chaque fois qu'on s'enthousiasme un peu et qu'on décide d'acheter, il y a un truc qui lui tombe dessus", résume un analyste.

Un business-model compliqué

Il faut dire que les difficultés sont réelles. À en croire un banquier concurrent, qui n'aurait voulu le job de Slawomir Krupa pour rien au monde, "la Société Générale a l'un des business-models les plus compliqués de toutes les banques européennes".

Dans la banque de détail, elle est à la fois trop petite pour s'appuyer uniquement sur une clientèle haut de gamme comme BNP Paribas et trop grosse pour rivaliser avec les mutualistes. Dans les activités de marchés, elle reste puissante et n'a aucun intérêt à tailler dans ces activités pour ne surtout pas brider ce moteur.

"Mais du coup quand il y a un accident sur les marchés, elle est en première ligne", explique un banquier.

Enfin, l'ancien patron, Frédéric Oudéa a bien tenté de lui trouver un nouveau relais de croissance, dans le leasing automobile en rachetant Leaseplan… mais de l'avis de nombreux analystes, cette acquisition à près de 5 milliards d'euros a coûté bien trop cher et il faudra du temps pour la rentabiliser.

Un plan qui ne fait pas rêver

Dans ce contexte, conscient sans doute qu'il ne pouvait pas faire de miracle, Slawomir Krupa a opté il y a un an pour un plan réaliste mais jugé du coup peu ambitieux par les marchés.

Un analyste résume: "même s'il tient ses objectifs sur toute la ligne, la Société Générale ne fait pas rêver".

Le retournement prendra du temps et les investisseurs, échaudés par des années de mauvaises nouvelles, attendent de juger sur pièce.

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