UNE CéLèBRE CRéATRICE DE MODE CONDAMNéE à 18 MOIS DE PRISON POUR CONTREBANDE

La créatrice de mode, Nancy Gonzalez, connue pour ses sacs à main de luxe portés par des stars hollywoodiennes, importait illégalement des peaux de caïman et de python de sa Colombie natale vers les États-Unis.

Salma Hayek, Britney Spears, Victoria Beckham, Kris Jenner ou encore les acteurs de la série Sex and the City… Toutes ces célébrités ont déjà acheté et porté les sacs à main, pochettes et portefeuilles de luxe de la célèbre créatrice de mode colombienne Nancy Teresa Gonzalez de Barberi. Elle était devenue une icône de la mode, rivalisant avec les grandes marques comme Dior, Prada ou Gucci. Son travail avait également été présenté dans une exposition, en 2008, au Metropolitain Museum of Art de New York.

Un trafic de cuir à 1,9 million d’euros

Le 22 avril, la fondatrice de la société de luxe Gzuniga (créée en 1998) a été condamnée à un an et demi de prison, après avoir plaidé coupable en novembre, pour importation clandestine de cuir de caïman et de python de Colombie vers les États-Unis entre février 2016 et avril 2019. Elle, et son associé John Camilo Aguillar Jaramillo, étaient à la tête d’un vaste réseau impliquant le recrutement de coursiers pour transporter ces matières premières sur des vols commerciaux.

Selon le témoignage de ses coaccusés et anciens employés, Gonzalez recrutait jusqu’à 40 passeurs, notamment des membres de sa famille, ses amis et ses employés, avant d’importants événements de mode. Ces coursiers avaient pour consigne de déclarer que les articles étaient des cadeaux destinés à leurs proches. Les accessoires étaient ensuite envoyés vers des showrooms haut de gamme et des évènements de mode majeurs à New York. Elle y vendait ses sacs à main près de 2 000 euros pièce. Ce stratagème lui aurait permis d’empocher la modique somme d’1,9 million d’euros.

Nancy Gonzalez a été arrêtée en juillet 2022 à Cali, en Colombie d’où elle est originaire, puis extradée en août dernier vers les États-Unis pour violation des lois américaines. Ces espèces, qui étaient élevées en captivité, sont protégées dans les deux pays selon la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

« Sous pression, j’ai pris de mauvaises décisions »

D’après les avocats de Gonzalez, seulement 1 % des marchandises importées dans le pays ne disposait pas des autorisations nécessaires et était, entre autres, destiné à être des échantillons pour la Fashion Week new-yorkaise. Ils ont demandé la clémence pour cette mère célibataire divorcée de deux enfants, montrant au tribunal une vidéo de 2019 des meilleurs acheteurs de Bergdorf Goodman, Saks et d’autres détaillants louant sa créativité, sa productivité et son humanité. « Elle était déterminée à montrer à ses enfants et au monde que les femmes, y compris les femmes issues de minorités comme elle, peuvent poursuivre leurs rêves avec succès et devenir financièrement indépendante », ont conclu les avocats.

Juste avant l’énoncé de la peine, Nancy Gonzalez s’est excusée auprès des procureurs. « Sous pression, j’ai pris de mauvaises décisions », a-t-elle déclaré devant un tribunal fédéral de Miami lundi. Son entreprise, basée en Colombie et qui employait autrefois 300 employés a depuis déclaré faillite et a cessé ses activités après son arrestation.

Une défense qui n’a pas convaincu le procureur adjoint américain Thomas Watts-Fitzgerald qui a comparé le comportement de la créatrice de 71 ans à celui des trafiquants de drogue. « Tout est motivé par l’argent […] Sa mission s’est transformée en production criminelle ».

En 2016 et 2017, elle avait été mise en garde par des responsables américains contre le non-respect de ces règles rendant sa conduite particulièrement « flagrante » aux yeux du juge qui a prononcé la peine. Sa peine commencera le 6 juin prochain.

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