LE NUMéRO 3 DU RN AUX EUROPéENNES VISé PAR UNE PLAINTE POUR COMPLICITé DE CRIMES CONTRE L’HUMANITé

Fabrice Leggeri dans le viseur d’associations. D’après les informations du Monde et de France Info, la Ligue des droits de l’homme et Utopia 56 ont déposé ce mardi 23 avril une plainte pour «complicité de crimes contre l’humanité» et «complicité de torture» contre l’ancien patron de Frontex (de 2015 à 2022) et actuel candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national. L’homme de 56 ans apparaîtra en troisième position sur les listes du RN déposées dans les isoloirs le 9 juin.

Il est reproché par les associations à Fabrice Leggeri d’avoir, lorsqu’il était à la tête de l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, «permis l’interception de bateaux de migrants par les garde-côtes libyens, à la fois en faisant obstacle à l’intervention d’ONG présentes en mer, mais aussi en livrant aux garde-côtes libyens les coordonnées GPS ou les photos aériennes de ces embarcations», explique France Info. Le média en ligne rappelle pourtant que l’ONU avait établi que ces migrants étaient «exposés en Libye aux risques de violences physiques et sexuelles, de détention arbitraire, de torture et d’esclavage».

«16 272» morts ou disparus» pendant qu’il était à la direction de Frontex

Renvoyer en Libye les migrants revient également à enfreindre la Convention de Genève de 1951 qui stipule que «lorsque des personnes sont en danger, le principe doit toujours être celui de l’assistance et de l’aide», ainsi que les règles de l’ONU et de l’UE. Ces pratiques «relèvent de crimes contre l’humanité», note Utopia 56 sur son site internet, rappelant par ailleurs qu’en «dix ans, plus de 29 500 femmes, hommes et enfants sont morts en Méditerranée», dont «16 272» morts ou disparus sous la direction de Fabrice Leggeri, entre 2015 et 2022.

Les associations reprochent également au candidat du RN d’avoir «facilité le refoulement de bateaux de migrants de la Grèce vers la Turquie» et d’avoir dissimulé ces opérations, explique France Info (le papier en entier ici). La plainte des deux associations s’appuie sur l’enquête de l’Office européen de la lutte antifraude (Olaf), publié en avril 2022, qui avait conduit à la démission de Fabrice Leggeri. Pour Utopia 56 et la LDH, il est clair, «au regard de ses récentes déclarations visant à annoncer sa candidature au rang de numéro 3 de la liste pour les élections européennes du Rassemblement national (RN)» que l’ancien directeur de Frontex «a dévoyé ses fonctions au sein de Frontex pour les mettre au service de ses opinions personnelles, en tout point opposées aux missions qui lui étaient confiées».

Le RN vole à son secours

Auprès de France Info, Fabrice Leggeri dit sans surprise que «ces allégations» «sont totalement incorrectes» et qu’elles visent à le discréditer lui et la liste du RN. «Lorsque j’étais directeur de Frontex de 2015 à 2022, l’agence européenne a sauvé plus de 350 000 migrants en mer en conformité avec le droit international de la mer», assure-t-il.

A peine le dépôt de la plainte annoncé, le Rassemblement national a volé au secours de son candidat. Jordan Bardella assure sur X que Fabrice Leggeri est «la victime d’ONG d’extrême gauche promigrants, complices du trafic d’êtres humains, et que les Français ne supportent plus». Quant à Marine Le Pen, elle envoie son «soutien» à Fabrice Leggeri, que «les associations d’extrême gauche» «veulent réduire au silence».

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