JO DE PARIS 2024 : QUAND UN JUDOKA JAPONAIS REFUSE DE SALUER

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Il n’était pas favori mais un judoka japonais éjecté dès les quarts de finale, ça fait toujours bizarre. A l’intéressé aussi, d’ailleurs. Samedi 27 juillet, durant les quarts de finale des -60 kg, pendant une poignée de minutes qui ont semblé durer des plombes, Ryuju Nagayama a refusé de saluer son adversaire Francisco Garrigós (pas n’importe qui, champion du monde en 2023, quand même) puis de quitter le tapis. Sidération dans les gradins, quand on connaît l’importance de l’étiquette dans l’archipel. Surtout, on se souvient de la polémique – géopolitique celle-là, plus que sportive – lorsque le lourd Egyptien Islam El Shehaby avait refusé de secouer la pogne de l’Israélien Or Sasson, à l’issue de leur combat aux Jeux de Rio, en 2016.

Pour revenir à Nagayama, affreusement laborieux toute la matinée, il faut dire que l’affrontement s’était achevé dans la plus grande confusion. Les deux hommes étaient étrangement enlacés dans une phase de ne-waza, le combat au sol. L’Espagnol, sur le dos, tentait de comprimer la trachée de son adversaire, avec un étranglement grossier, mains sur la nuque, à la limite de ce qui est autorisé. Le Nippon, la nuque concassée mais martial jusqu’au bout, refusait de taper pour abandonner. Situation stérile : en principe, on dit «matté», on fait relever les combattants. Précisément ce qu’a fait, un peu tardivement certes, l’arbitre mexicaine.

Furieux ou toujours dans les vapes ?

Sauf que Nagayama restait au sol quelques secondes avant de se redresser. Simplement épuisé ou vraiment groggy ? Et donc, par définition, étranglé, et, par conséquent, ippon ? Les juges de table ont semble-t-il retenu la deuxième hypothèse. Mais peut-on accorder un ippon sur étranglement a posteriori, d’autant plus si le combattant n’a pas jeté l’éponge ? Et Garrigós, n’aurait-il pas un poil traîné à lâcher son étreinte, malgré les injonctions arbitrales ? Les exégètes de la voie de la souplesse (ô ironie) en débattront sans doute quelque temps – à commencer par la légende Shohei Ono, oreillette dans l’oreille en chou-fleur, en duplex avec Tokyo.

Quant à Nagayama, furieux (ou toujours dans les vapes ?), il rôdait dans la zone rouge du tatami déserté, sous les huées, pendant que son staff conspuait les superviseurs. Finalement, le Japonais accepta son sort et finit par saluer sur la pointe des pieds, direction la sortie, sous les applaudissements soulagés du public. Drôle de moment.

2024-07-27T13:17:47Z dg43tfdfdgfd