EN SEINE-ET-MARNE, LE PéTROLE VA COULER à FLOTTE

Première révélation de l’enquête que nous publions aujourd’hui : le gouvernement se croit revenu en 1974. Valéry Giscard d’Estaing est donc président, et s’étonne de la crise pétrolière, alors que la politique qu’il avait mise en place comme ministre de l’Economie a inondé la France de mazout et alimenté l’euphorie des constructeurs automobiles. Face à la crise, il faut sacraliser le pétrole, et vite.

Deuxième révélation : c’est maintenant chose faite, avec cinquante ans de retard. Le gouvernement a en effet approuvé en catimini l’élargissement sur un périmètre cinq fois plus vaste qu’auparavant d’une concession pétrolière près de la forêt de Fontainebleau. C’est pendant la trêve des confiseurs, le 27 décembre, que la Première ministre Elisabeth Borne a signé un décret favorisant le forage de deux nouveaux puits de pétrole en Seine-et-Marne, vite contresigné par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et par Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de la Transition énergétique. Petit problème, la France ne manque plus de pétrole (de toute façon, les concessions dans l’Hexagone fournissent à peine 1 % de notre consommation en hydrocarbures), car en 2024, la vraie pénurie que commencent à ressentir les Français est celle de l’eau.

D’où notre troisième révélation : ce projet menace la nappe phréatique directement à des points de captage qui permettent d’alimenter en eau potable plus de 180 000 Franciliens, de la commune voisine au VIIe arrondissement de Paris. Sans surprise, l’établissement public Eau de Paris entend s’opposer maintenant à cette initiative nostalgique qui pourrait vite tourner à la catastrophe écologique. Giscard, au moins, s’était rendu à l’idée qu’en France «on n’a pas de pétrole, mais on a des idées» ; cette aberration gouvernementale pourrait prouver que certaines de ces idées françaises gagneraient à rester profondément enfouies avec nos restes de pétrole, histoire d’être enfin en phase avec notre époque.

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