RAPHAëL GLUCKSMANN CIBLE DE JETS DE PEINTURE ET EXFILTRé DU CORTèGE DU 1ER MAI, UNE SECTION LOCALE COMMUNISTE REVENDIQUE L’ACTION

La tête de liste du PS et de Place publique aux européennes Raphaël Glucksmann a été empêché, ce mercredi 1er mai, de rejoindre le cortège du 1er mai à Saint-Etienne après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Il a été exfiltré du rassemblement peu après son arrivée sous des cris «Glucksmann casse toi» ou «Palestine vivra».

Il a par la suite été poursuivi sur plusieurs centaines de mètres par des personnes criant également «PS salaud», «Palestine vaincra» ou «Saint-E n’est pas à toi», en référence au surnom de Saint-Etienne. La tête de liste avait des taches de peinture verte sur le front et de peinture rouge sur sa veste.

L’eurodéputé, dénonçant «une cinquantaine d’énergumènes», dont certains appartenant à LFI selon lui, a finalement renoncé à rejoindre la manifestation. «Ce qui est sûr, c’est qu’il y avait des drapeaux de partis politiques. Il y avait des drapeaux de Révolution permanente [un mouvement trotskiste, ndlr] et de la France Insoumise», a-t-il affirmé. «C’est leur conception de la démocratie, c’est pas la nôtre», a-t-il encore réagi au micro de France Bleu. «Nous, nous sommes des démocrates de combat, des démocrates jusqu’au bout des ongles et on exclut, a priori, toute forme de violence physique». L’échange prévu après le défilé avec des militants a également été annulé.

«Une réaction de frustration»

Plus tard dans l’après-midi, la section locale des Jeunes communistes de la Loire a revendiqué l’action en postant sur ses réseaux sociaux une photo d’une banderole «Glucksmann dégage».

«C’est une réaction de frustration car la dynamique est chez nous», avait estimé plus tôt le candidat PS en référence aux sondages favorables dans les intentions de vote aux élections européennes, le 9 juin. Raphaël Glucksmann est ensuite revenu sur cet épisode dans plusieurs messages publiés sur X (ex-Twitter) : «Ces attaques sont le résultat de mois de haine et de calomnies savamment orchestrées par les Insoumis et d’autres». Une agression, selon lui, «symptomatique de la brutalisation de la vie publique dans notre pays ces derniers temps», faisant suite à «des messages de haine reçus par milliers - très souvent à connotation antisémite». L’homme politique dénonce ainsi des «méthodes écœurantes et dangereuses pour la démocratie», dans un «climat de violence entretenu par des politiques reconvertis en ingénieurs du chaos», et appelle à «revenir au débat de fond».

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, a aussitôt dit «désapprouver totalement» les atteintes à la tête de liste socialiste aux européennes. «Tous ceux qui veulent faire allégeance à la lutte des travailleurs pour leurs droits ont leur place le 1er mai. Il suffit de s’écarter d’eux s’ils nous déplaisent», a-t-il écrit sur X. «Cette action fournit une diversion médiatique contre le 1er mai et un rôle de victime à Glucksmann qui en profite pour nous accuser», a-t-il ajouté, tenant à préciser que «l’ennemi c’est l’extrême droite». Depuis la place de la République à Paris, il a également condamné les agressions à l’encontre de LFI. «Ça suffit de s’indigner à géométrie variable […] nous méritons tous le respect !» en référence à l’agression la veille de Rima Hassan, en 7e position sur la liste LFI aux européennes, par «40 fascistes», selon lui.

Mélenchon et Révolution permanente réclament des excuses

Plus tard ce mercredi, Jean-Luc Mélenchon a réclamé des excuses de la part de Raphaël Glucksmann. «Vous avez accusé LFI de votre expulsion de la manif du 1er mai. Nous avons récusé. Vous et vos chefs du PS ont continué sur la base de vos accusations. Les JC du 42 ont revendiqué cette action. Après ceux du Nord chez Fabien Roussel. Respectez vos adversaires en apprenant à les reconnaître», a-t-il assené. Même son de cloche du côté de Révolution permanente qui, dans un communiqué, assure que le collectif n’était «pas présent à la manifestation à Saint-Etienne où notre organisation ne compte aucun militant». «Alors que la France Insoumise a elle aussi démenti tout rapport avec cette action, nous regrettons ces déclarations publiques contre nos deux organisations, déjà confrontées à plusieurs convocations pour “apologie du terrorisme” dans le cadre d’une campagne de répression des soutiens de la Palestine. Nous demandons au Parti Socialiste et à Place Publique un démenti formel suite à ces propos. Nous ne nous laisserons pas attaquer publiquement de cette manière.»

La tête de liste insoumise aux élections européennes, Manon Aubry, a pour sa part «déploré que Raphaël Glucksmann ait été empêché» de manifester et «réprouve ces méthodes qui ne sont pas les nôtres», puisque en démocratie, a-t-elle écrit, «tout le monde a le droit de manifester».

Olivier Faure, le Premier secrétaire du parti socialiste, lui, estime sur X que «les démocrates doivent condamner» alors que «le 1er mai est la fête de l’unité des travailleurs». «Tous les diviseurs jouent contre leur camp et montrent qu’ils partagent la même conception du débat que ceux qui le musellent à coups d’interdictions. Quand l’EXD [extrême droite, ndlr] culmine, c’est irresponsable», a-t-il poursuivi. Tout comme Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, qui juge la situation «inacceptable», et a défendu son collègue : «Travail forcé, droits sociaux, multinationales, Raphaël Glucksmann a été de tous les combats européens pour les droits des travailleurs. Ceux qui instrumentalisent le 1er mai nous détournent de nos adversaires : l’extrême droite et les libéraux. Nous, on avance.»

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste a pris la parole pour condamner cette agression. «Le débat oui, la violence non», a-t-il assené sur X. «Rien ne justifie que Raphaël Glucksmann ait été exclu d’une mobilisation ce premier mai à Saint-Étienne. Le mouvement social ne gagne rien à pratiquer l’oukase et l’exclusion.»

«Respect de l’intégrité des personnes»

Le Premier ministre Gabriel Attal a également condamné ces violences. «Je me dresserai toujours contre toute forme de violence en politique. La politique, ça peut être parfois un combat au sens noble du terme, mais ça doit toujours se faire dans le respect de l’intégrité des personnes», a-t-il déclaré en marge d’un déplacement à Beaugency (Loiret).

A six semaines du scrutin, avec 14 % des intentions des votes (+2,5 points en un mois), la liste de Raphaël Glucksmann se rapproche de celle de la majorité présidentielle conduite par Valérie Hayer, à 17 % (-1 point), selon une étude Cevipof-Ipsos-Institut Montaigne-Fondation Jean-Jaurès pour le Monde, publiée lundi et portant sur 10 651 personnes.

Mise à jour : à 13h31, avec des nouvelles déclarations de Raphaël Glucksmann et de Manon Aubry ; à 14h14 avec celle d’Olivier Faure et de Boris Vallaud ; à 17h50 avec la revendication des Jeunes Communistes de la Loire et les excuses réclamées par de Jean-Luc Mélenchon ; à 19h17 avec le communiqué de Révolution permanente.

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