Sept ans après l’incendie de la tour Grenfell à Londres, l’enquête publique vient de publier son rapport final. Soixante douze personnes sont mortes dans l’accident, déjà qualifié d’« évitable » par un rapport précédent : le revêtement de l’immeuble, où vivaient surtout des personnes défavorisées, ne respectait pas les normes en vigueur. Le nouveau Premier ministre travailliste, Keir Starmer a présenté des excuses « au nom de l'État britannique ».
Le gouvernement, les entreprises de construction, et le bailleur sont directement responsables de l’incendie de la tour Grenfell, le 14 juin 2017, le pire incendie résidentiel en Grande-Bretagne depuis la Seconde Guerre mondiale, écrit notre correspondante à Londres, Emeline Vin. Les constructeurs ont fait preuve de malhonnêteté sur la sécurité des matériaux utilisés pour l’isolation des bâtiments. Les bailleurs sociaux ont délibérément ignoré les inquiétudes des résidents, les qualifiant de « fauteurs de troubles militants ».
Et le gouvernement surtout : l’exécutif connaissait les dangers depuis plusieurs années, et aurait dû prévenir le sinistre en régulant l’utilisation de certains matériaux. En bref, conclut Martin Moore-Bick, le juge à la retraite en charge du rapport : chacune des 72 morts était « évitable ». Les pompiers de la London Fire Brigade font également l'objet de vives critiques, les officiers supérieurs étant décrits comme « complaisants ». Ils n'ont pas, écrit l'AFP, tiré les leçons d'un précédent incendie survenu en 2009, qui « aurait dû alerter » le service « sur les lacunes de sa capacité à lutter contre les incendies dans les immeubles de grande hauteur ».
L’association des victimes réclame désormais que justice soit rendue, mais la police prévient : l’enquête judiciaire ne devrait s’achever que l’année prochaine, et il faudra attendre 2026 pour les premières poursuites – soit dix ans après l’incendie.
« Je voudrais commencer par présenter des excuses au nom de l'État britannique à chacun d'entre vous et à toutes les familles touchées par cette tragédie. Elle n'aurait jamais dû se produire. Le pays a failli à son devoir le plus fondamental qui est de vous protéger, vous et vos proches », a déclaré le Premier ministre britannique, Keir Starmer.
« Aujourd'hui est un jour de vérité attendu depuis longtemps. Il doit maintenant déboucher sur un jour de justice et de justice pour les victimes et les familles de Grenfell, mais aussi un moment de réflexion sur l'état de la justice sociale dans notre pays et une chance pour ce gouvernement de tourner la page. Car cette tragédie pose des questions fondamentales sur le type de pays que nous sommes », ajoute-t-il.
Le rapport émet aussi près de 60 recommandations. Dont le renforcement des règlementations et davantage de formations pour certains métiers du bâtiment. Les autorités estiment qu’au moins 4 000 immeubles d’habitation ne répondent toujours pas aux normes anti-incendie. Le sujet est en effet loin d'avoir été réglé, dit l'AFP. Fin août 2024 à Dagenham, dans l'est de Londres, plus de 80 personnes ont dû être évacuées au milieu de la nuit après avoir été réveillées par de la fumée et des flammes dans un immeuble où les travaux de retrait de revêtements « non conformes » étaient en partie terminés.
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