PROCèS DES VIOLS DE MAZAN : GISèLE PELICOT « HUMILIéE » PAR LES SOUPçONS DE COMPLICITé à SON éGARD

Gisèle Pelicot, principale victime des viols de Mazan, a fustigé ce mercredi 18 septembre les soupçons à son égard distillés, selon elle, par des avocats de certains accusés, sur une éventuelle complicité dans les agressions sexuelles qu’elle a subies entre 2011 et 2020.

De nouveau invité ce mercredi à témoigner ce mercredi 18 septembre 2024 au procès pour viols de son époux et 51 autres coaccusés, Gisèle Pelicot se dit « humiliée » depuis le début des audiences. La femme, dont le mari est accusé de l’avoir drogué pendant dix ans pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet, dénonce les propos des avocats de certains accusés affirmant qu’elle avait pu être alcoolisée ou complice de son ex-mari.

« C’est tellement humiliant »

« Depuis que je suis arrivée dans cette salle d’audience, je me sens humiliée. On me traite d’alcoolique, que je me mette dans un état d’ébriété tel que je suis complice de monsieur Pelicot », a-t-elle affirmé devant la cour criminelle de Vaucluse.

« Dans l’état où j’étais, je ne pouvais absolument pas répondre à qui que ce soit. J’étais dans un état de coma et les vidéos qu’on va diffuser vont pouvoir l’attester. Et les experts ont été choqués de ces vidéos, et ce sont des hommes », a-t-elle expliqué, estimant que « c’est tellement humiliant et dégradant d’entendre cela ».

« Pas une seconde je n’ai donné mon consentement à Monsieur Pelicot ni à ces hommes qui sont derrière », a rappelé cette femme de 72 ans, qui aurait été victime de quelque 200 viols, dont 92 commis par 50 coaccusés jugés depuis le 2 septembre à côté de son ex-mari, Dominique Pelicot.

« L’impression que la coupable, c’est moi »

« J’ai l’impression que la coupable, c’est moi, et que derrière moi, les 50 sont victimes » et « parce que j’ai fait du naturisme, je serais exhibitionniste ? C’est moi la coupable et eux les victimes. D’ailleurs ils devraient s’asseoir à ma place… », a-t-elle ironisé.

« Est-ce que c’est une question de temps le viol ? 3 minutes, une heure ? Je suis choquée ! Si c’était leur mère ou sœur ici, est-ce qu’ils auraient la même défense ? », a accusé à son tour Gisèle Pelicot, au ton déterminé.

« Ils sont venus me violer, peu importe le temps passé », « c’est abject ». « À partir de quel moment un homme décide pour sa femme ? Je vous rappelle que j’étais sous emprise chimique. » Les « 50 (accusés) derrière ne se sont pas posé la question (du consentement) ? C’est quoi ces hommes, ce sont des dégénérés ou quoi ? Pas à un moment ils se sont posé la question ! », a-t-elle tonné.

« Un viol est un viol »

« Il n’y a pas “viol et viol”. Un viol est un viol », a asséné Gisèle Pelicot, faisant référence aux propos d’un avocat de la défense, Paul-Roger Gontard, qui avait estimé qu’il y avait « viol et viol », semblant minimiser l’intention réelle de certains des accusés dont beaucoup affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d’un couple libertin.

« J’ai expliqué qu’il y avait le viol dans son acception médiatique et juridique. Que les propos vous aient blessée, aient pu choquer, j’en suis désolé. Ce n’était pas mon intention. Mon intention c’était de rappeler des règles de droit », a répondu Me Gontard.

Dominique Pelicot, 71 ans, est accusé d’avoir pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet. Cinquante autres hommes, accusés d’avoir commis ces viols, sont également jugés, rappelle l’AFP.

Les faits visant Dominique Pelicot avaient éclaté au grand jour après son interpellation en septembre 2020, alors qu’il filmait sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le sud-est de la France. En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur celle qui était alors son épouse, principalement au domicile conjugal, à Mazan (Vaucluse).

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