ESSONNE: APRèS DES ANNéES DE LUTTE, GRIGNY POSE LA PREMIèRE PIERRE DE SON NOUVEAU SUPERMARCHé

Le groupe Casino, qui exploitait une grande surface de 4.000 mètres carrés jusqu'à 2016, avait invoqué l'insécurité et les violences trop nombreuses pour fermer le supermarché.

Dix ans sans pouvoir faire ses courses à pied à Grigny. Dans cette ville défavorisée de près de 30.000 habitants située dans la banlieue sud de Paris, la première pierre d'un supermarché devant remplacer un magasin fermé en 2016 a été posée samedi, en vue d'une ouverture en 2026.

Un "grand plaisir" teinté de soulagement pour Michèle Moncourt, Grignoise retraitée de 75 ans. Jusqu'à aujourd'hui, cette habitante du centre-ville nouvellement construit prenait le bus pour faire ses courses à l'hypermarché Leclerc de la commune voisine de Viry-Châtillon.

"Je prends ce que je peux, à la force de mes bras, et pour les packs d'eau j'attends les jours où mes enfants sont disponibles, je suis réduite à ça", regrette cette habitante de Grigny depuis 1976.

Jusqu'en 2016, le groupe Casino exploitait une grande surface de 4.000 mètres carrés dans la ville avant de baisser le rideau, invoquant des violences trop nombreuses. L'inflation des dépenses de sécurité, 6% du chiffre d'affaires à Grigny contre 0,6% en moyenne dans les autres magasins en banlieue sud de Paris à l'époque, avait achevé de rendre le site déficitaire, selon l'enseigne.

Un désir de dynamiser à nouveau le centre-ville de Grigny

Samedi, malgré la pluie fine qui s'abat sans discontinuer sur la place où le supermarché doit sortir de terre début 2026, au coeur du nouveau centre-ville, l'ambiance est à la joie populaire. Entouré d'élus, d'habitants et de la famille qui gère l'enseigne du futur supermarché, le maire communiste Philippe Rio empoigne une truelle pour cimenter la première pierre.

"Vous pouvez vous applaudir, vous nous avez donné la force de continuer", tonne l'édile de Grigny.

Le projet a pâti de l'absence de candidats pour prendre la suite de Casino jusqu'en 2019, date à laquelle l'enseigne O'Marché Frais (renommée depuis Marché Frais), essentiellement implantée dans les quartiers populaires franciliens, a accepté de s'installer à Grigny.

Mais le permis de construire pour cette future grande surface de 5.000 mètres carrés, couronnée d'un parking de plus de 800 places, a fait l'objet de deux recours en 2020 puis 2022 de la société gérant l'hypermarché de Viry-Châtillon, inquiète de l'impact de ce projet sur la fréquentation des commerces voisins.

Rouvrir un supermarché représentait la promesse de dynamiser le nouveau centre-ville, censé transformer une "cité-dortoir" en "coeur de ville", selon la municipalité.

"S'adapter à la zone"

Cette zone, où plusieurs centaines de nouveaux logements ont été créés, a vocation à relier les quartiers populaires de la Grande Borne et de Grigny 2, qui accueille l'une des plus grandes copropriétés d'Europe, gangrénée par le surlogement et l'insalubrité.

Le "marathon judiciaire et politique" entrepris s'est soldé par "une victoire dans notre combat pour le droit à la ville", a estimé samedi Philippe Rio. Accessible, la nouvelle enseigne doit aussi l'être en termes de prix.

"La volonté du groupe Marché Frais est de s'adapter à la zone", promet Céline Quattrucci, présidente du groupe Marché Frais qu'a cofondé son époux Bruno Quattruci.

Car "la vie est chère" pour les habitants de la ville, confie Nora Belgroul, agente d'entretien pour la ville âgée de 54 ans, habitante elle aussi des nouveaux logements du centre-ville. Dans sa robe violette et son foulard assorti, petit-four dans la main, elle se réjouit avec ses amies que l'enseigne crée aussi des emplois "pour les jeunes et les mamans" du coin - 150 après ouverture selon la municipalité.

Elle non plus n'a pas de voiture pour aller faire ses courses et compte sur sa famille et ses amies pour l'accompagner. "On y va ensemble avec les copines quand on fait les grosses courses pour le mois", raconte celle qui confie n'avoir ni les moyens, ni l'envie de "déranger les amis" pour faire des courses toutes les semaines.

Pour ceux qui habitent un peu plus loin, une solution est déjà trouvée: depuis décembre, le tramway T12 qui relie Massy à Evry s'arrête à moins de dix minutes à pied du futur supermarché.

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