MANIFESTATION CONTRE BARNIER : à PARIS, « LE COUP DE FORCE DE MACRON » NE PASSE PAS

Les leaders écologistes, communistes et Insoumis avaient besoin d'une manifestation pour s'attribuer le monopole de l'opposition face à Emmanuel Macron, après que le RN a décidé de laisser, dans l'immédiat, sa chance au nouveau Premier ministre Michel Barnier. C'est pourquoi Jean-Luc Mélenchon avait appelé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux,à « la mobilisation la plus puissante possible » contre « le coup de force » d'Emmanuel Macron après son refus de nommer la candidate de l'union des gauches, Lucie Castets. Et ce samedi 7 septembre, une foule dense, parsemée de drapeaux palestiniens, a donc battu le pavé parisien entre Bastille et Nation, sous des pluies intermittentes.

Il ne s'agissait là que de l'une des quelque 140 manifestations qui ont eu lieu dans toute la France, programmées dès le mois d'août par plusieurs organisations étudiantes. Rappelons que les dirigeants du Parti socialiste n'avaient pas appelé à rejoindre, laissant à chacun la liberté de choisir.

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C'est sous les « Macron, démission » scandés par les manifestants qu'un Jean-Luc Mélenchon, remonté à bloc, a pris la parole, juché à l'arrière du d'un char sur lequel flottait une grande banderole affichant « Pour la démocratie, stop au coup de force de Macron ». « Qu'elle est étrange, au fil de l'Histoire, la fatuité des monarques, a commencé de discourir le leader des Insoumis. Et comme il est vil et vain de croire qu'on vient à bout de cette Histoire. »

« Vous allez en bouffer pendant une génération »

« C'est pire que la manif de Mélenchon : c'est la manif de la jeunesse, a-t-il poursuivi d'un ton ironique. Vous allez en bouffer pendant une génération », a prévenu le tribun. Puis il a évoqué le vote, en 1981, de Michel Barnier contre la dépénalisation de l'homosexualité. « On vous a imposé un homme qui a refusé la première des formes de l'égalité : celle de l'amour. Car l'orientation sexuelle n'est pas un choix tandis que l'amour est une aptitude. »

Et encore, s'adressant à Emmanuel Macron : « Vous avez perdu trois fois. La première, en 2022, quand vous êtes allé aux législatives et avez perdu, car vous n'avez eu qu'une minorité, que vous avez baptisée « majorité présidentielle ». Si bien qu'après avoir été battu une nouvelle fois aux européennes, vous avez dissous, alors que personne ne vous l'a demandé, et avez encore été battu. Vous n'avez pas à décider ce qu'est une formation stable. C'est l'Assemblée nationale qui le décide. »

Le leader des Insoumis a étrillé le parti de Marine Le Pen. « Ceux qui se disent les représentants du refus du système en ont été l'assurance-vie la plus constante. Je veux parler du Rassemblement national, petit larbin du pouvoir. Vous ne voterez pas la censure, pour être bien vus des beaux quartiers, paraît-il ? »

Clara, 28 ans, juriste en propriété intellectuelle et Caroline, 27 ans, professeur des écoles, tapent des mains au rythme des slogans lancés par haut-parleurs. Elles tiennent une pancarte « Barnier au bûcher ». « La formulation est un peu forte, reconnaissent-elles, mais notre colère est forte : c'est historique que dans la Ve République que le Premier ministre n'appartienne pas à la majorité, fût-elle relative. »

À quelques mètres d'elles, Pierre, 66 ans, ancien ingénieur des Travaux publics, regarde de ses yeux bleus se rapprocher la grande statue couleur de bronze de la Nation. « C'est un scandale de légitimer le RN comme le fait Macron. Avec la menace de la motion de censure, ils vont imposer leur programme. Macron va leur donner des gages : réforme de l'AME, limitation des flux migratoires? Ce que fait Macron c'est préparer la victoire du RN. »

Dans le cortège, Fatoumata Koné, présidente du groupe écologiste à l'Assemblée Nationale, renchérit, après avoir loué la présence en masse des militants : « La Constitution ne dit pas que le Premier ministre doit être issu de la première force politique à l'Assemblée Nationale. Mais, dans l'Histoire, c'est toujours ce qui a été appliqué. »

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À côté d'elle, Benjamin Lucas, député NFP, a rejeté toute faute de la gauche dans le refus de soutenir Bernard Cazeneuve : « Soit il voulait abroger la réforme des retraites, et Macron ne l'aurait pas écouté, soit il ne voulait pas le faire et ça n'avait aucun sens que nous le soutenions. »

La reconquête du vote ouvrier

Du camion, qui trace sa route vers la place de la Nation, Eléonore Schmidt, porte-parole de l'Union étudiante, annonce la suite de la séquence politique : « la grosse bataille à venir, c'est celle du budget ».

Léon Desfontaines, porte-parole du PCF, s'est fendu d'une consigne aux militants du NFP : « Nous devons aller dans les circonscriptions rurales et dire aux électeurs du RN que les élus RN ont le même programme néo libéral qu'Emmanuel Macron et que c'est pour cela qu'ils soutiennent Michel Barnier. Allons à la reconquête des ouvriers. »

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