PORTéES PAR LE COVID, LES INFECTIONS NOSOCOMIALES PROGRESSENT DE 15% EN FRANCE

Selon une enquête de Santé publique France sur ces infections contractées dans des établissements de santé, ce rebond est causé en partie par le Covid-19. Les maladies nosocomiales sont responsables d’environ 4 000 morts par an.

Les maladies nosocomiales gagnent du terrain. Après avoir baissé régulièrement entre 2001 et 2012 et s’être stabilisée de 2012 à 2017, la proportion de patients infectés lors d’un séjour à l’hôpital a augmenté de près de 15 % entre 2017 et 2022 constate Santé publique France (SpF).

L’édition 2022 de l’enquête de Santé publique France - effectuée tous les cinq ans - a été menée entre le 15 mai et le 30 juin, auprès de 150 000 patients dans 1 155 établissements de santé.

Elle montre que l’épidémie de Covid a pesé, directement ou indirectement, sur la reprise des infections nosocomiales : « La proportion de patients infectés est supérieure à celle d’il y a cinq ans, mais les infections Covid nosocomiales représentent la moitié de l’augmentation », relève Anne Berger-Carbonne, responsable de l’unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques au sein de SpF. À ses yeux, « c’est une photographie très large qui n’est pas si mal dans le sillage de la crise terrible du Covid. On s’attendait à pire ».

Si l’on exclut les Covid nosocomiaux, la proportion de patients infectés en 2022 reste en hausse (+7,5 %) mais « de manière non significative » par rapport à celle estimée en 2017, selon l’agence sanitaire.

Elle observe ainsi que « par rapport à 2017, les patients hospitalisés en 2022 présentaient des risques accrus de complication infectieuse », en raison de profils plus vulnérables. En 2022, l’activité des hôpitaux demeurait affectée par la pandémie de Covid-19 mais aussi par le « virage ambulatoire » du système de santé, « de sorte que les gens hospitalisés étaient en situation plus grave », aux yeux de Anne Berger-Carbonne.

Un virage ambulatoire qui s’accompagne d’un raccourcissement des durées d’hospitalisation, les séjours longs étant réservés aux cas les plus graves. Les autorités sanitaires estiment que 4 200 décès sont liés à des infections nosocomiales chaque année en France.

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Risque d’antibiorésistance accru

Les infections nosocomiales restent davantage constatées dans les services de réanimation (près d’un patient infecté sur quatre), qui soignent des patients plus vulnérables et exposés à des dispositifs invasifs (cathéter, assistance respiratoire, sonde urinaire).

Les infections urinaires, liées à une intervention chirurgicale, les pneumonies, ou encore les bactériémies (une infection caractérisée par la présence de bactéries dans le sang) restent les principales formes d’infection nosocomiale.

Certaines bactéries comme Escherichia coli et le staphylocoque doré, sont impliquées de façon récurrente : près d’un cas sur deux d’infection nosocomiale à l’hôpital leur est dû, quasiment comme en 2017.

Autre enseignement de l’enquête : environ un patient hospitalisé sur six reçoit un traitement antibiotique, une proportion en hausse de 7,5 % par rapport à 2017. Un patient sur quatre est traité par antibiotique en réanimation, un sur deux dans les services de médecine ou de chirurgie, selon l’enquête de SpF.

« Ce n’est pas très bon signe », relève la spécialiste de Santé publique France. L’antibiorésistance - le fait que certaines bactéries finissent par devenir résistantes aux antibiotiques - est en effet considérée comme une menace majeure par les autorités sanitaires mondiales.

Le contexte du Covid a cependant pu modifier les priorités, avec un effort moindre sur l’usage mesuré des antibiotiques. Et « les équipes de prévention de l’antibiorésistance n’ont pas été épargnées par la crise des soignants », note Anne Berger-Carbonne.

Pour l’agence sanitaire publique, ces résultats « incitent à poursuivre les actions de prévention » des infections nosocomiales en les ciblant sur les plus fréquentes (infections urinaires, pneumonies, infections du site opératoire, bactériémies). Il faut aussi « renforcer les actions pour le bon usage des antibiotiques ».

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