FAUT-IL SUPPRIMER UN JOUR FéRIé POUR AIDER LES RETRAITéS? "PAS à NOUS DE FINANCER LEUR PRéCARITé"

Un rapport du Sénat propose la mise en place d'une nouvelle journée de solidarité pour financer les retraites. Au grand dam des actifs d'aujourd'hui présents sur le plateau d'"Estelle Midi" ce mardi, qui estiment qu'ils en font déjà assez.

Les sénateurs ont trouvé la solution pour régler le problème des retraites. Un rapport du Sénat propose de supprimer un deuxième jour férié pour financer les retraites. Selon les sénateurs, la mesure pourrait permettre de générer plus de 2 milliards d'euros.

Un nouveau jour férié non payé qui fonctionnerait comme le premier. Lancée il y a 20 ans après la canicule meurtrière de 2003, la journée de solidarité est une journée travaillée mais non payée pour les salariés. En contrepartie, les employeurs versent une contribution à la branche de la Sécurité sociale qui finance notamment les Ehpad.

"Ils auraient dû mettre de côté pour leurs vieux jours"

Mais l'initiative des sénateurs ne ravit pas les travailleurs français. A commencer par l'économiste Pierre Rondeau: "Les retraités ont bénéficié du plein emploi, de la pleine croissance, de conditions économiques et sociales merveilleuses. Ils ont cotisé moins de 40 ans et sont partis à la retraite à 60 ans", rappelle-t-il ce mardi sur le plateau d'Estelle Midi.

"Aujourd'hui, ils devraient bénéficier de notre solidarité alors qu'on a le chômage de masse, le dérèglement climatique et qu'on va cotiser plus longtemps. Ils auraient dû faire en sorte de mettre de côté, mettre en place des plans épargne retraite, mettre de côté pour leurs vieux jours. Ce n'est pas à nous de financer leur précarité", ajoute l'économiste.

Agir sur l'abattement fiscal des retraités les plus riches

Pierre Rondeau en veut pour preuve la situation difficile aujourd'hui sur le marché de l'emploi. "Le chômage des 18-25 ans, c'est 25%. Il faut un bac +5 pour espérer avoir un emploi, cotiser 42 ans minimum, partir à la retraite à 65 ans", note-t-il sur RMC et RMC Story. "Il faut un CDI pour acheter son logement alors que 70% des emplois créés sont des CDD, et il faut 400.000 euros pour acheter à Paris".

Et alors que "Les petits frères des pauvres" alertent sur le taux de pauvreté élevé chez les Français de plus de 60 ans, Pierre Rondeau rappelle que le taux de pauvreté reste plus élevé chez les actifs.

Même son de cloche pour Erwann Tison, économiste et directeur des études de l'institut Sapiens: "Il faudrait 20 journées de solidarité pour financer le besoin réél. Et les actifs financent déjà à 28% les retraites d'aujourd'hui, alors qu'ils n'y auront pas accès eux". Il plaide pour la solidarité intragénérationnelle, en mettant à contribution les retraités les plus fortunés en supprimant notamment l'abattement de 10% sur l'impôt sur le revenu, dont ils bénéficient, et qui représente 5 milliards d'euros par an.

Un premier jour de solidarité qui n'en est plus un?

Depuis 2008, la loi sur la journée de solidarité a été modifiée. Le lundi de Pentecôte n'est plus le jour de solidarité par défaut, les employeurs sont libres de choisir 7 heures supplémentaires dans l'année, voire de les lisser comme c'est le cas dans certaines entreprises comme la SNCF qui demande à ses salariés de travailler 1 minute 52 de plus par jour.

Conséquence: selon une étude cabinet Randstad de 2016, seuls 30% des salariés français travaillaient le lundi de Pentecôte contre 44% en 2005. Pour l'année 2024, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie estime que la mesure a généré 3 milliards 420 millions d'euros de recettes. Un argent qui sert notamment au financement des Ehpad mais qui ne représente que 8% du budget de l’aide à l’autonomie des personnes âgées et en situation de handicap.

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