L’ALBERTA EN FEU PLOMBE LE CANADA

Montréal

L’Alberta brûle et les compagnies pétrolières tremblent. Selon les autorités de la province de l’Ouest canadien, il y a encore une cinquantaine d’incendies actifs, dont près de vingt sont hors de contrôle. L’état d’urgence a été décrété depuis plus de deux semaines, des milliers de personnes ont été évacuées, et les géants de l’or noir ont réduit ou interrompu leur production. Selon le cabinet Rystad Energy, 2,7 millions de barils par jour sont menacés, sur les quelque 3,2 millions de barils extraits, dans la province, de sables bitumineux ou de manière conventionnelle. La province de l’Ouest abrite les troisièmes réserves de pétrole mondiales, derrière l’Arabie saoudite et le Venezuela. Les hydrocarbures sont un secteur clé pour l’économie de la province et plus largement du pays.

Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP), les investissements dans l’extraction de pétrole et gaz naturel dépasseront cette année les niveaux d’avant-Covid, augmentant de 11 % pour un montant de 40 milliards de dollars. «Les exportations de produits énergétiques de l’Alberta ont atteint un niveau record l’an dernier à 159 milliards de dollars, ce qui représente les trois quarts de l’export de marchandises de la province», souligne ATB Financial. Selon la société financière albertaine, la catastrophe pourrait entraîner une baisse du PIB canadien de 0,1 % à 0,3 % pour le mois de mai, compte tenu du poids conséquent de l’industrie. L’impact sera beaucoup plus important dans l’Alberta, où les feux ont déjà détruit 1 million d’hectares de forêts depuis le début de l’année et plus de 275 entreprises et maisons.

Risques élevés pour la santé des habitants

Si les pluies ont facilité le travail des pompiers la semaine dernière, les autorités demeurent très prudentes sur l’évolution de la situation. La fumée empêche les Canadairs et les hélicoptères d’agir sur les incendies. Les météorologues d’Environnement Canada ont en outre alerté dans plusieurs bulletins sur les risques élevés pour la santé des habitants d’Edmonton, Calgary et Fort McMurray et appelé les habitants à rester chez eux. Au-delà des pertes pour l’industrie pétrolière, c’est aussi l’impact sur les récoltes qui suscite l’inquiétude. Les cultures souffrent de la fumée et du manque d’humidité. Sept ans presque jour pour jour après la destruction de 2 500 habitations lors des incendies historiques de Fort McMurray, la Mecque du pétrole des sables bitumineux, les Albertains revivent un traumatisme.

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Les 100.000 habitants de la ville avaient alors été évacués. Les leçons des feux de Fort McMurray, dus au mauvais entretien des forêts, n’ont pas été retenues. Le lobby de l’or multiplie à coups de millions de dollars les publicités pour vanter ses efforts dans la transition verte, mais prend peu de mesures pour protéger l’Alberta d’une catastrophe environnementale provoquée par des incendies d’installations pétrolières. À voir s’ils seront sanctionnés par les Albertains, ce lundi, lors des élections générales de la province, qui pourraient opter pour un changement de politique économique. Selon les derniers sondages, le Parti conservateur uni (PCU), actuellement au pouvoir, est donné gagnant.

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