CARTES. POURQUOI L’ABSTENTION GAGNE-T-ELLE AUTANT DE TERRAIN EN FRANCE ?

Présidentielle du mois d’avril 2022, législatives du mois de juin suivant… Ces deux rendez-vous électoraux majeurs ont été boudés par une partie des Français. L’abstention y a même été très forte. Signe d’un divorce croissant de la population avec la politique ? Ou expression d’un ras-le-bol des électeurs à l’égard d’élus ne prenant pas en compte leurs attentes ?

Le choc… Malheureusement prévisible. Dimanche 10 avril 2022. Fin du premier tour du scrutin présidentiel. Emmanuel Macron vire en tête devant Marine Le Pen (Rassemblement national) et Jean-Luc Mélenchon (LFI). Une joie, teintée de gravité, se lit alors sur les visages des deux candidats qualifiés pour la finale.

Gravité parce que l’abstention est une nouvelle fois très importante. Près de treize millions d’électeurs inscrits ne se sont pas déplacés aux urnes pour une consultation populaire d’habitude très mobilisatrice. Du jamais vu ! Au second tour, quinze jours après, un million et demi de Français supplémentaires choisiront d’aller à la pêche ou en balade.

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Une nouvelle déconvenue pour la démocratie. Et ce n’est pas terminé. Deux mois plus tard, lors des élections législatives des dimanches 12 ou 19 juin, la participation est encore plus catastrophique. Entre 25 et 26 millions d’électeurs font le choix de n’en faire aucun dans la course à la députation.

Un réflexe qui se perd

Comment expliquer un tel cataclysme démocratique ? Les raisons sont forcément plurielles. Premier enseignement : cette abstention n’a pas attendu les prémisses du second et dernier quinquennat d’Emmanuel Macron pour atteindre des sommets. L’ascension vers la désertion des urnes s’est opérée lentement mais sûrement au fur et à mesure des scrutins successifs.

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« Tout cela montre une prise de distance d’une partie des Français avec la chose politique. Pour eux, la politique n’est plus capable de changer leur vie. On le voit dans les jeunes générations, notamment. Chez elles, le réflexe du vote se perd », note Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondage Ifop.

Le malaise est donc sérieux. Mais est-il désespéré pour autant ? « Trois quarts de votants, ce n’est pas rien pour une présidentielle. On a vu de longues files d’attente devant les bureaux de vote. Quand on compare cette participation à ce que l’on peut observer dans certaines grandes démocraties, aux USA notamment, il n’y a pas de quoi rougir ! », conclut Jérôme Fourquet.

Absence de reconnaissance

Selon Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de l’institut de sondage BVA, une partie de l’abstention des Français peut s’expliquer dans l’absence de reconnaissance dans les candidats en lice. En 2022, comme probablement lors des rendez-vous précédents, les électeurs ne se sont pas déplacés dans les urnes plus par dépit que par défiance à l’égard de la chose politique.

Les abstentionnistes ont, toutefois, voulu exprimer leur mécontentement à l’égard d’élus ne prenant pas forcément en compte leurs attentes. La forte mobilisation contre la réforme des retraites de ces dernières semaines laissera-t-elle un goût encore plus amer dans les urnes ? Réponse dès l’année prochaine, à l’occasion des Européennes de juin.

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Le Rassemblement national et la gauche Nupes, en tout cas, vont essayer de surfer sur cette vague de contestations envers le pouvoir en place pour attirer à eux de nouveaux suffrages. Le parti présidentiel en est conscient et va tenter de faire barrage. Mais n’a-t-il pas déjà perdu cette bataille européenne comme il y a cinq ans. Chez Renaissance, on assure que non…

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