Ces saisies ont été ordonnées dans le cadre de l’information judiciaire ouverte concernant des soupçons de financement illégal de plusieurs campagnes électorales
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Les ennuis judiciaires du parti d’extrême droite ne sont pas terminés. Les juges d’instruction chargés de l’enquête sur de possibles surfacturations dans les récentes campagnes électorales du Rassemblement national (RN) ont opéré en juillet des saisies pénales importantes chez des imprimeurs liés au parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Ces saisies, que le parquet de Paris n’a pas commentées, sont contestées par les imprimeurs, selon une source judiciaire. Elles ont été ordonnées le 11 juillet, deux jours après de retentissantes perquisitions au siège du RN dans cette information judiciaire ouverte en juillet 2024 sur des soupçons de financement illégal de plusieurs campagnes électorales (présidentielle et législatives 2022, européennes 2024…).
L'enquête porte d’une part sur de possibles prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats RN, d’autre part sur d’éventuelles prestations surfacturées ou fictives qui auraient par la suite été intégrées dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne. C’est ce second volet qui est ici concerné.
Selon une troisième source proche du dossier, la justice se demande si les imprimeurs ont opéré des surfacturations pour atteindre le maximum du remboursement de l’Etat prévu dans le cadre des campagnes électorales, et si c’est bien le cas, si l’argent surfacturé a bénéficié en retour aux imprimeurs seuls ou est revenu in fine au RN.
L’ensemble des protagonistes sont présumés innocents à ce stade et selon cette troisième source proche, personne n’est mis en examen pour l’heure. Selon la première source proche, les comptes de l’imprimeur Roto Presse du Centre ont été saisis à hauteur d’environ un million d’euros. D’après un document européen public, cette société a été, à hauteur de 150.000 euros pour le second semestre 2024, le premier prestataire du groupe « Patriotes pour l’Europe » des eurodéputés RN.
Le 11 juillet dernier, la maison mère de RPC, Imprimatur, dirigée par Jean-Louis Tauran, a également été saisie selon la source proche, pour un montant inconnu. Basée en Haute-Vienne, elle est présentée par Mediapart et Le Monde comme l’imprimerie principale du RN depuis 2019.
Enfin, une troisième société a été saisie de même source, également pour un montant inconnu : c’est le Groupement des imprimeurs français (GIF), dans le giron de Paul-Alexandre Martin. Ce compagnon de route et ex-candidat du RN est lié aux réseaux GUD du parti, du nom du mouvement d’ultradroite dont plusieurs hauts ex-dirigeants ont été en affaire avec le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Jean-Philippe Tauran, son avocat et Paul-Alexandre Martin n’ont pas répondu à l’AFP.
Wallerand de Saint-Just, délégué RN aux affaires juridiques, a confirmé avoir « cru comprendre que des saisies et des perquisitions ont visé des imprimeurs qui avaient travaillé », « peut-être bien pour les dernières régionales » de 2021, sur les prestations pour « le R39 ». C’est le surnom donné au matériel de propagande électorale (bulletins, affiches, etc.) que l’Etat se propose de rembourser.
« L’administration, à chaque élection, fixe un tarif maximum de remboursement de ce matériel », tarif « toujours » choisi par les imprimeurs, a souligné l’ex-trésorier du parti. D’après lui, « reprocher au titre de la surfacturation, donc de l’escroquerie, à un imprimeur d’utiliser le tarif officiel pour se faire payer le matériel officiel, c’est totalement abusif, surtout après l’arrêt Jeanne ».
Le RN avait été relaxé en appel en mars 2023 après avoir été accusé d’avoir escroqué l’Etat en surfacturant ses dépenses électorales d’impression lors des élections de 2012. S’agissant du R39, la cour avait notamment relevé le « tarif identique » sollicité par « la totalité des candidats » et considéré que « l’Etat ne peut être victime d’une pratique qu’il admet sciemment pour tous. »
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2025-10-07T17:08:33Z